mercredi 13 juillet 2016

Championnats de France de Parapente 2016

Cette année les Championnats de France se déroulaient à Val Louron dans les Pyrénées.

Je publie mon billet avec pas mal de retard depuis cet événement, mais j'ai eu des soucis de santé qui m'ont quelque peu éloigné de toute communication liée au parapente...

C'est toujours sympa d'avoir ce type d'épreuve si près de la maison. Les derniers Championnats de France à Val Louron avaient déjà eut lieu en 2009, mais je n'avais pas été qualifié à l'époque. Par contre depuis j'avais participé à Val Louron à une pré-coupe du monde en 2012 ainsi qu'à une manche de Coupe du Monde en 2013. Autant à l'époque j'avais bien réussit lors de la pré coupe du monde en me classant 9ième, autant j'avais gardé un mauvais souvenir de la coupe du Monde en 2013 avec une décevante 65ième place. Jamais pendant cette compétition j'avais été dans le bon rythme, cette semaine là m'avait paru interminable...

Là cette année la préparation de ce Championnat a été calamiteuse, avec une météo catastrophique, surtout les WE, empêchant d'avoir du volume de vol suffisant pour arriver sur cet événement préparé comme il se doit.
Et le seul jour de préparation que j'ai fait à Val Louron en mai, je l'ai "vendangé" en passant du temps à la "ratière" au-dessus de Saint Lary, sans même jamais pouvoir m'en extraire. Ce vol devait servir à démystifier cette fameuse "ratière" qui m'avait causé tant de soucis lors de la Coupe du Monde de 2013, et bien s'est gagné, j'aborde ce Championnat de France avec un gros stress lié à cette zone de vol... La "ratière est le surnom que l'on donne à une combe qui permet de rallier la vallée de Saint Lary à celle de Val Louron, ce retour étant toujours très problématique. Pourvu que l'histoire ne se répète pas et que je ne loupe pas ce Championnat en restant pendant des heures à galérer sur la "ratière" au retour de Saint-Lary...

Vu ma préparation, j'arrive donc à Val Louron avec aucun objectif sportif, sauf celui de faire ce que sais faire en vol et de voler le mieux possible mais totalement affranchis de l'ambiance "compétition". Sans aucun stress, aucune pression, juste la motivation de passer du temps en vol, me faire plaisir, voyager dans nos belles montagnes qui me manquent beaucoup cette année. Belle motivation, non ?

Manche 1 : je sens la journée compliquée, et avant même de décoller, vu le parcours proposé et le potentiel de la journée que je sens très faible, je me dis qu'il faudra voler au frein à main. Bonne pioche, j'avais vu juste... Contrairement à mes habitudes, je décolle même dans les derniers, je sens qu'il faudra voler lentement, rester haut. Lors d'un petit briefing avec des pilotes Réunionnais avant la manche, je leur explique que le plus dur toute la journée sera d'arriver à passer par dessus chaque crête après chaque traversée de vallée. Et pour cela il faudra voler à finesse max, avec comme seul objectif de raccrocher les crêtes par le haut, quitte à perdre 1 ou 2 minutes dans une traversée de vallée, mais pour au final gagner des dizaines de minutes, voire des heures...

Au start.


Et j'ai appliqué cela durant tout le vol, et surtout quand un voile épais met toutes la vallée de Luchon à l'ombre. Avec du recul je suis impressionné que l'on ait pu parcourir autant de distance pendant toute la période où le voile était si épais ; c'est hallucinant.

Le ciel est bien gris... et tout est à l'ombre.

Au loin Luchon.

Superbagnères.

En fin de manche quand je passe sur Val Louron avant d'aller faire le dernier tour à Saint Lary, je suis surpris de ne voir personne posé.
Arrivé à Saint Lary et le cylindre des points temps passé, il faut maintenant rentrer à Val Louron pour passer le goal. Et là cela semble compliqué, comme toujours. Nous nous retrouvons avec les seuls pilotes à boucler (sauf Jonathan Marin qui vient de rentrer sur Val Louron) à zoner à Ens. Là on sait que l'on peut y passer la soirée sans jamais en sortir...


Clément Hoelter de la Réunion, devant l'Arbizon, qui fait un très beau Championnat de France en se classant 8ième au général.

La seule solution, je la connais, c'est de passer par ... la "ratière" ! Ça y'est, le verdict approche. Comment je vais négocier la sortie par la "ratière"... Je n'ose à peine y penser. Mais je reste confiant, très calme, très concentré et sans aucune pression. Je vais aller à la "ratière", je vais faire ce que je sais faire, et cela va passer...
Donc de Ens, direction les pentes ouest de la "ratière", avec un petit passage en force du verrou face au vent ; j'arrive très très bas et là cela ne monte pas top, alors je vais jusqu'à la pointe la plus au nord de la "ratière", limite sous le vent, et si elle veut de moi, cela marchera. Et là bingo ! Je n'ose pas y croire, le thermique est puissant, et au fur et à mesure que je vois le relief d'éloigner sous mes pieds, je revis, je suis en train de démystifier la"ratière", ma "ratière" qui m'aura hanté pendant si longtemps. Rarement je n'ai eu un tel sentiment de soulagement, et en plus de voir mes compagnons s'extraire comme moi juste après, le bonheur. Et je suis heureux aussi pour ceux qui sont venus me remercier au goal de leur avoir montré le passage. Un beau moment de partage.

Au goal. Merci Roland Wacogne pour les photos.



Manche 2 : une belle manche technique et ambitieuse. C'est pour vivre ce genre de parcours que je fais de la compétition, car cela oblige à avoir une vision plus large et bien plus ambitieuse que lors de vol en solitaire.

La colonne thermique est bien visible !





Une belle idée de nous envoyer vers Campan, en passant au pied du Pic du Midi de Bigorre.

Là on chemine au nord de la réserve naturelle du Néouvielle, avec le sommet du Néouvielle que l'on voit à droite de la photo.


Le Pic du Midi à droite et le Pic des Quatre Termes à gauche.


Lorsque nous sommes arrivés au pied du Pic du Midi, j'étais très ému de me retrouver à enrouler le thermique, lors d'un Championnat de France, avec une si belle machine qu'est l'Icepeak 8, au même endroit où 30 ans plus tôt je commençais à voler en parapente. Car c'est là, dans cette face sud, face au Pic du Midi de Bigorre que je faisais mes 2 premiers vols en parapente, en décollant à ski, le 20 avril 1986. Je pensais à cet adolescent de 15 ans qui volait ce jour là, comment aurait-il pu imaginer ne serait-ce qu'un instant ce qui allait se passer 30 ans plus tard ? Ce moment pour moi a été magique. Les autres compétiteurs devaient penser à la course, à l'enjeu, moi j'étais plongé dans mes souvenirs, nostalgique. D'ailleurs ironie du jour, au décollage juste avant la manche j'ai revu Jacques Helin qui m'avait connu à cette époque là et avec qui nos volions souvent, et que je n'avais pas revu depuis plus de 25 ans ; étonnant cette journée tout de même.

Le retour du Pic a été compliqué, il fallait là aussi s'appliquer à voler au bon rythme.
Et de nouveau un passage par la "ratière", définitivement réconciliée avec moi, et qui m'a offert une sortie tonitruante, dans un thermique tonique et festif ; la fanfare, c'était la fête !

Une fin de manche classique, par les hauts sommets entre Cap de Pales, Céciré et Pic du Lion, le tout parsemé de thermiques étroits et sur puissant, comme rarement vu à ces endroits là.


Manche 3 et dernière manche : passage sur Arbas. Beaucoup d’inquiétude de la part des organisateurs pour envoyer en vol 120 pilotes depuis ce site où ne décolle qu'un pilote à la fois. Pour éviter la galère et surtout fuir la chaleur du décollage, je suis le 1er de la manche ce coup ci à décoller. Je suis ensuite allé me mettre à l'abri, en attente du côté de la Husse, à moitié ensuqué par la chaleur et la fatigue, et j'ai ainsi attendu près de 2h en rêvassant.
Ensuite on a vécu une manche complexe, dans du tout petit, en guettant la moindre respiration de la masse d'air qui arrivait à s'extraire de la fournaise, fournaise qui écrasait tout au sol. Nous sommes arrivés à traverser la Garonne, par contre un importante zone à l'ombre à posé tous les pilotes encore en vol dans la même zone ; sur cette manche il n'y avait rien à gagner, mais beaucoup à perdre.

Au final, ben c'est pas si mal. Je fais mon meilleur classement à un Championnat de France, en finissant 6ième au général. Content car cela m'ouvre les portes des Coupes du Monde pour l'année prochaine, en tout cas celles que j'aurais envie de faire. J'aurais le choix sans soucis.

Je remercie du fond du cœur ceux qui m'ont soutenu pendant les Championnats de France, mais aussi ceux qui étaient là dans la période qui a suivit. Un grand merci à eux, ils se reconnaîtront.

Par contre pour moi la saison s'arrête là, je dois me soigner pour revenir en forme en 2017.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

1 commentaire:

mauviere a dit…

Bravo pour ce blog de grande qualité, dont j'apprécie l'humilité, la sincérité, le courage aussi.

Pour m'être fait coincer 2 fois dans la ratière de St-Lary cet été, je rêve d'un schéma explicatif, même si je vois l'idée générale...